mardi 10 avril 2018

9 - Idéale ! l'aval en amour...


  21 février. Ces derniers jours nous étaient arrivés de nouveaux noms d'éventuels héritiers de Monlorné.   Les recherches dans les fichiers de naturalisation départementaux avaient amené plusieurs noms:
- Marvel Noon, un compositeur ayant quitté son Angleterre natale; naturalisé à Dijon en 1900, il aurait déménagé et serait actuellement en Isère;
- Vernona Ölm, 43 ans, venue d'Autriche, ayant créé une boutique de parfumerie à Rennes;
- Norman Love, né en Australie en 1874.

  C'est ce dernier qui nous préoccupait à l'heure présente. Lédène et Seurcé étaient venus ce matin à l'agence exposer les résultats de l'enquête de leurs hommes sur le terrain. C'est Seurcé qui commença:
- Figurez-vous qu'il a été naturalisé à Caen, en décembre 1901, juste avant que Monlorné fasse son étrange testament, à Caen précisément. Quelques jours plus tard et il n'aurait pu prétendre à l'héritage, car, je vous le rappelle, seuls y sont éligibles les détenteurs d'une pièce d'identité française délivrée avant le 2 janvier 1902.
"  Norman Love et sa mère ont acquis en 1897 un ancien relais de postes, près d'Ambrumésy, à quelques kilomètres d'Hermanville-sur-Mer où habitait Monlorné. Ils l'ont rénové pour en faire une auberge spécialisée dans l'accueil des vélocipédistes. Ils l'ont baptisée Vélo Mannor. Ils y assurent le gîte et le couvert, et louent des vélos aux Parisiens amateurs de ce sport, en constant essor ces dernières années.
"  A noter que Monlorné était lui-même un adepte de la petite reine, et qu'il sillonnait encore les routes de Normandie dans ces années-là. Il n'y a donc rien d'improbable à ce qu'il ait rencontré les Love, bien que nous n'en ayons pas eu confirmation en interrogeant les proches."
- Norman Love..., fit HV. Avez-vous vu qu'avec la seule initiale du prénom, nous avons N. Love, ce qui est fort proche de N-AMOR, l'une des lectures du mystérieux message qui précède les morts des héritiers?
- Vous avez raison, c'est étrange. Et Norman a une passion plutôt macabre, la taxidermie. L'auberge est décorée avec de petits animaux qu'il a empaillés.
- Un Australien naturalisé qui naturalise, c'est un comble! Je sens que vous allez bientôt m'offrir un Charentais anarchiste, non?

  Lédène et Seurcé restèrent cois. "Anarchiste" n'était pas un mot en vogue à la préfecture depuis l'attentat  de 1905 contre le roi d'Espagne et contre le Président de la République, dont les responsables couraient toujours. HV reprit:
- Il faut à tout prix aller enquêter sur place. Vos hommes avec leurs gros godillots ne passeraient pas inaperçus, mais je sens qu'Alban couve depuis longtemps une vocation de cycliste, n'est-ce-pas Alban? Demain, c'est dimanche, et le temps fort clément actuellement devrait attirer beaucoup d'amateurs sur les routes. Je sens que vous ferez étape demain soir au Vélo Mannor, et j'ai quelques idées pour faciliter votre approche...

  Les "idées" étaient d'abord au nombre de deux, deux charmantes jeunes femmes qui vinrent sonner à deux heures à la porte de l'agence Valmondada, et en lesquelles je reconnus avec stupéfaction deux des "ambiantes" du spectacle de Nemo Vorlan, la prétendue italienne Ornella, et la supposée Hongroise dont le nom m'échappait.
  Une fois dans le bureau de HV, celui-ci nous expliqua son plan.
- Alban, je vous présente Hortense et Rose-Andrée Aa, qui sont demi-soeurs. Elles ont récemment perdu leur emploi puisque le spectacle de Vorlan ne pouvait continuer après sa mort. J'ai été frappé par leur vivacité d'esprit lorsque je les ai interrogées après le drame, et j'ai pensé à elles pour cette mission.
"  L'idée générale, c'est qu'Alban serait aussi un acteur, fiancé à Hortense par exemple, que vous projetiez une excursion en vélo avec un ami de Rose-Andrée, mais que l'ami aurait eu un empêchement quelconque, alors vous êtes partis à trois. La présence d'une jolie femme esseulée devrait faciliter les contacts..."

  J'ai dû rougir en apprenant mes soudaines fiançailles, car les soeurs me regardèrent avec un sourire teinté d'ironie. Un brin gêné, je lançai:
- Et ces vélos, nous allons les trouver où?
- J'ai pris rendez-vous pour vous avec un concessionnaire, avenue de la Grande-Armée. Il vous attend.

  Les soeurs et moi prîmes le métro jusqu'à l'Etoile. Un vendeur nous attendait, et HV avait insisté pour que nous fussent fournis les modèles les plus récents, dotés d'un nouveau perfectionnement, la polymultiplication.
  Nous dûmes apprendre ce que c'était qu'une roue libre, un balladeur, un tendeur, un développement, un braquet, tout un vocabulaire technique à assimiler.


  Puis ce fut la phase d'essai des machines. Les soeurs, prévenues par HV avaient pris soin de se vêtir de robes légères, un peu courtes, de manière à pouvoir pédaler avec aisance. Il fallut encore fixer les plis des robes et pantalon au plus près des jambes, à l'aide de pinces spéciales, afin que les vêtements ne se prissent pas dans la chaîne ou les roues.
  Nous pûmes enfin enfourcher nos montures. Le vendeur nous accompagna jusqu'au bois de Boulogne où il nous prodigua d'utiles conseils jusqu'à ce que nous pussions évoluer comme des cyclistes aguerris.
  Les soeurs semblaient ravies de l'exercice, et elles revinrent jusqu'à l'agence sur les "grands braquets", zigzaguant dangereusement entre cabs, fiacres et voitures à moteur. Je les suivais tant bien que mal en les exhortant à plus de prudence. Nous remisâmes les vélos et nous donnâmes rendez-vous pour le lendemain, pour la grande aventure...

  Pour ma part, l'aventure du jour avait été la rencontre de la réelle Hortense, délivrée du maquillage outrancier de l'ambiante Ornella. Hortense! Son teint de rose, ses yeux pailletés d'or, ses boucles châtain, sa taille souple, son nez, sa bouche, ses reparties pleines d'esprit... Tout en elle me semblait idéal, parfait...
  Je n'avais pratiquement jamais vu d'êtres du sexe faible jusqu'à la fin de mes études secondaires, ce qui me valut une grande timidité lorsque je fus libéré de l'emprise des bons pères. Comme je l'ai déjà dit, HV n'employait pas de femmes, et celles rencontrées dans nos enquêtes ne m'avaient guère donné l'envie d'une idylle sentimentale.
  Bref, pour ce qui concerne certains besoins, je fréquentais régulièrement certaine maison du quartier.

  22 février. Hortense et Rose-Andrée arrivèrent chacune avec une grosse valise. Je dus leur expliquer à nouveau que nous ne passerions pas plus de deux nuits au Vélo Mannor, et qu'il fallait limiter nos paquetages pour qu'ils puissent tenir dans les sacoches et sur les porte-bagages de nos machines.
  Enfin, après quelques allègements drastiques accompagnés de cris désespérés, nous pûmes nous élancer jusqu'à la gare Saint-Lazare où nous enregistrâmes nos vélos dans le wagon à bagages du train pour Caen. Nous n'étions pas seuls dans ce cas.

  Nous devisâmes agréablement durant le trajet. Les soeurs Aa étaient en fait les filles d'un aristocrate libertin, le comte Jean de Prabourny, collectionneur de maîtresses et de bâtards qu'il avait cependant à coeur de reconnaître. Elles avaient choisi ce pseudonyme Aa pour figurer en tête des listes de comédiens. De mon côté, je les régalai d'anecdotes mettant en valeur mon rôle essentiel à l'agence, ravi de constater qu'Hortense semblait boire mes paroles.
  Arrivés à Caen, nous prîmes un petit train jusqu'à Lion-sur-Mer, où nous profitâmes du temps réellement splendide de ce dimanche pour aller nous tremper les pieds dans la Manche et jouer comme des enfants avec le sable.
  Puis cap sur le Vélo Mannor, auquel on accédait par une allée bordée de hêtres, à la sortie d'Ambrumésy.

  C'était une superbe bâtisse, aux murs recouverts de lierre. Des vélos étaient adossés à la façade. Il y avait des tables dehors, et quelques personnes y étaient encore assises, bien que le temps commençât tout de même à fraîchir, en cette fin d'après-midi.
  Nous installâmes aussi nos machines contre un mur. Hortense, l'air mutin, vint me souffler:
- N'oublie pas que nous sommes fiancés.
et elle posa légèrement ses lèvres sur les miennes, bref aperçu d'infinies délices...

  Quelqu'un avait dû signaler notre arrivée à l'intérieur, car plusieurs personnes sortirent du bâtiment, au moins une dizaine. J'entendis l'exclamation "Ils ont des polys!".
  Un homme grand, la trentaine, semblait s'intéresser plus à nous qu'à nos vélos. Il se présenta:
- Norman Love, propriétaire du Vélo Mannor, mais tout le monde m'appelle Norm.
  Ainsi c'était lui le mystérieux Love, un être affable qui inspirait une immédiate sympathie. Des cheveux noirs contrastant avec la pâleur de la peau, un regard sombre et profond, une voix caressante:
- Vous verrez, nous sommes tous des amis ici, il y a beaucoup d'habitués. Vous aurez sans doute reconnu le grand champion Lou Escartin, qui s'entraîne en ce moment par ici...
  Il héla un petit homme brun, à l'écart du groupe en train d'admirer nos vélos. Après de brèves présentations l'Espagnol nous dit, avec un fort accent:
- Vous avez de belles machines, mais nous, sur le Tour, nous n'y avons pas droit. Pour changer de vitesse, nous avons un pignon de chaque côté de la roue arrière, qu'il faut retourner...
  Les autres hôtes du Mannor se présentèrent, nous félicitant pour nos machines. Il y avait surtout des hommes, mais aussi deux couples. Il fallut faire des démonstrations de la polymultiplication, laisser les amateurs essayer nos vélos...


  Norm, puisque tel était son désir, nous aida à désarrimer nos bagages, et nous conduisit à nos chambres. Nous passâmes d'abord par une grande et haute salle, où tables et sièges divers étaient disposés dans un harmonieux désordre. De nombreux animaux naturalisés ornaient la salle, mais ce qui marquait le plus était un énorme vélo de pierre, de près de quatre mètres de longueur, suspendu au plafond par des chaînes, des chaînes de vélo précisément. La sculpture, esquisse assez grossière, semblait taillée dans un seul bloc, elle devait peser un poids considérable.
  Les chambres étaient spacieuses et agréablement décorées, laissant la part belle aux pierres d'origine. Avant de nous laisser nous installer, Norm nous dit:
- Nous dînons dans une demi-heure. Ma mère a cuisiné un plat de chez nous, la Pie Floater, vous verrez, c'est succulent. J'aimerais que vous diniez à ma table, j'apprécie particulièrement le théâtre et ne manque aucun spectacle à Caen.
  Nous n'allions évidemment pas refuser cette offre...

  Nous étions au rendez-vous une demi-heure plus tard dans la grande salle. A la table de Norm il y avait deux autres personnes, Lou Escartin que nous avions vu précédemment, et un homme d'une quarantaine d'années, que Norm nous présenta:
- Ricardo Corleone, italien de naissance, polyglotte de formation, et cycliste de coeur... Ricardo est traducteur, et réside souvent au Mannor où il trouve une ambiance favorable à son travail de création. Car ce n'est pas un traducteur comme les autres, on l'a appelé le traducteur kleptomane. Il a le don de créer un chef-d'oeuvre à partir d'un texte insipide en en supprimant tout ce qui est inutile. Les éditeurs se l'arrachent, car ils peuvent ainsi acheter pour des clopinettes des romans qui n'ont eu aucun succès, et dont la seule mention du traducteur Corleone assurera de bonnes ventes, car il a déjà un public assidu d'amateurs de son style.
  De fait, au cours du repas, Ricardo eut l'occasion de montrer son parfait maniement de l'espagnol en traduisant quelques anecdotes cyclistes narrées par Escartin. Il lui arrivait aussi d'échanger quelques répliques en anglais avec Norm.

  Le repas se déroulait à la bonne franquette. Les plats et boissons étaient disposés sur une table au centre de la salle, où chacun venait se servir à sa convenance.
  La Pie australienne était vraiment délicieuse, de la viande hachée avec de la purée et d'autres ingrédients moins immédiats, dans une pâte croustillante, le tout arrosé d'une sauce au vin rouge... Je demandai si nous aurions le plaisir de voir Madame Love pour la féliciter de ses talents culinaires, mais Norm répondit:
- Je ne crois pas. Ma mère est assez sauvage, et quand il y a du monde au Mannor elle reste le plus souvent cloîtrée dans la petite maison où nous logeons, juste à côté des bâtiments principaux.

  Nous partagions notre table avec une magnifique perruche empaillée, trônant en son centre. Ce fut l'occasion de questionner Norm sur sa passion.
- Vous voyez, depuis presque toujours je suis obsédé par l'idée de la mort. La vie semble si absurde. Qui qu'on soit, quoi qu'on fasse, il faudra un jour quitter la scène, pour sombrer dans un éternel néant, nous dit-on. Je n'ai jamais pu accepter ça, et je crois plutôt que le néant, c'est cette vie, et les vains artifices déployés pour tenter d'oublier l'inéluctable. Je dirais plutôt, comme votre grand poète, Hic nihil, alias aliquid.
- "Ici rien, ailleurs quelque chose", fis-je pour les soeurs. C'est une formule que Victor Hugo avait gravée sur un étrange meuble de sa maison de Guernesey, la Chaire des Ancêtres, qu'il avait fabriquée et décorée de ses mains.
  Trois ans auparavant, une enquête nous avait menés à Guernesey, HV et moi, et nous n'avions pas manqué d'y visiter la maison où Hugo avait vécu en exil pendant 15 ans, Hauteville House. Mais bien entendu je ne pouvais le préciser devant Norm.
- Here nothing, elsewhere something, reprit Ricardo, qui traduisit pour Escartin Aquí nada, en otro lugar algo.
  L'Espagnol hocha la tête, l'air tout à fait convaincu par cette idée. Norm reprit:
- Eh bien nous sommes tous d'accord, semble-t-il. Alors, il m'est apparu que la naturalisation était un moyen de combattre la mort. Vous voyez tous ces petits animaux, qui ne demandaient qu'à vivre et qui n'avaient que quelques années devant eux. Grâce aux techniques que j'emploie, mes animaux sont à l'abri de la corruption pour au moins deux siècles, vous vous rendez compte? A chaque animal traité j'ai l'impression que c'est une partie de moi-même qui est pareillement prolongée...
"  Vous voyez, les Egyptiens avaient parfaitement compris la chose, du moins les pharaons qui passaient leurs vies à préparer leurs séjours dans l'au-delà. Et voici qu'aujourd'hui des êtres sans scrupules viennent violer leurs sépultures, piller leurs trésors, profaner leurs dépouilles. Vous avez vu ce qui est arrivé récemment à lord Menavon, l'archéologue qui avait découvert le tombeau du pharaon Hermonphis? Je ne serais pas étonné que tous ses déboires soient dus à une malédiction, provoquée par cette profanation, malgré les dizaines de siècles écoulés depuis la mort physique d'Hermonphis..."

  Je remarquai que Norm avait employé le nom originel de l'archéologue, lord Menavon, et non le nom qu'il avait choisi lors de sa naturalisation, Lor Ménavon. De fait la presse avait surtout utilisé ce premier nom, lors du récent drame. Je repensai au jeu de mots qu'avait fait HV, et interrogeai Norm:
- Mais dites-moi, Norm, vous qui naturalisez les animaux, comment en êtes-vous venu à vous faire naturaliser vous-même, naturaliser Français, j'entends?
- Ah, je vois que vous avez compris. J'étudiais le français à Adélaïde, et il m'est venu une idée folle lorsque j'ai appris les deux sens du verbe "naturaliser" dans cette langue. J'en ai parlé à ma mère qui partage mes idées, et nous avons commencé à étudier la question.
"  Ma mère se prénomme Norma, et nous avons vu un signe dans le fait qu'une région de France se nomme Normandie. Vous devinez la suite, j'étais Norman, je suis devenu Normand..."

  23 février. La nuit du 22 au 23 a été pour moi l'aval de l'Amour avec un grand A, quelque chose que je n'imaginai pas deux jours plus tôt. Je n'en dirai pas plus.
  Dans la matinée, Hortense et moi abandonnâmes Rose-Andrée. Nous roulâmes jusqu'à la plage, où nous nous assîmes devant la mer, faisant des projets d'avenir, la main dans la main...
  Je ne pensai plus à l'enquête, ni à grand'chose d'autre qu'Hortense, ainsi nous nous aperçûmes en revenant au Mannor que nous avions laissé passer l'heure du déjeuner. Rose-Andrée et Norm étaient attablés dehors, face à face, semblant partager une certaine intimité. Norm alla nous chercher quelques reliefs du repas de midi, et j'en profitai pour mettre Rose-Andrée en garde:
- Je te rappelle que nous sommes ici parce que Norm est soupçonné d'être impliqué dans pas moins de neuf meurtres.
- Allons donc! C'est l'être le plus charmant que j'aie jamais rencontré. Trouves-tu qu'il a une tête d'assassin?
  Je repris à mon compte une des sentences favorites de HV:
- Si tous les assassins avaient des têtes d'assassins, il n'y aurait pas d'assassins.

  Au souper, la clientèle s'était raréfiée, le travail reprenant le lendemain. Nous avions reformé la même tablée que la veille, mais Norm et Rose-Andrée conversaient le plus souvent à voix basse, en bout de table. Ricardo Corleone nous dit, en me tendant un in-16:
- Tenez, j'ai pensé à vous amener le dernier roman que j'ai publié, vous pouvez le garder.
  Je le remerciai en examinant le volume, Un caveau s'ouvrira, avec un bois sur la couverture montrant un monticule de terre à côté d'une tombe ouverte, et une jeune femme effarouchée. Le nom de l'auteur, Enyer Quelle, apparaissait en bien plus petits caractères que la mention Traduit par RICARDA CORLEONE. Je demandai à Ricardo s'il s'agissait d'une coquille.
- Pas du tout. Vous voyez, de plus en plus de femmes font preuve de créativité dans tous les domaines, mais la domination de l'homme dans notre société fait qu'elles sont souvent contraintes d'utiliser des pseudonymes masculins pour faire prendre en compte leurs créations. Il m'a paru devoir faire l'inverse, et dès que mon nom a connu une certaine notoriété, j'ai signé Ricarda en expliquant que "Ricardo" avait été une servitude imposée par la norme éditoriale, inféodée au dogmatisme patriarcal, et j'invitais mes "consoeurs" à revendiquer pleinement leur féminité...
"  J'ai entièrement écrit cet ouvrage ici, et il y en a des traces dans le texte. Vous voyez, le premier chapitre, Raison autel, eh bien la raison, c'est le Vélo, et l'autel, c'est le Mannor, vous comprenez?"

 1 - Raison autel        .... page   7
 2 - You, sir Eltan !    .... page  29
 3 - Et sus à l'orin...  .... page  51
 4 - Ulcérations         .... page  73
 5 - Eon intrus, là      .... page  95
 6 - Né, lui, castor     .... page 117
 7 - La dune rosit       .... page 139
 8 - Qui sorte l'an      .... page 161
 9 - Espoir à l'UNT      .... page 183
10 - E bris, un alto     .... page 205
11 - Loi : un est raz    .... page 227


  Il avait ouvert le volume à la table des chapitres. J'acquiesçai mollement, car, à la vérité, je ne comprenais pas du tout, et, pour être d'une totale franchise, la plupart des titres me semblaient plutôt abscons. Enfin, s'il avait un public, ce n'était pas à moi de lui apprendre son métier.
  J'enchaînai sur un point qui me préoccupait:
- Au fait, Ricardo, connaissez-vous bien la mère de Norm? L'avez-vous vue récemment?
- Norma? bien sûr. C'est une femme charmante, très engagée dans la lutte pour le droit des femmes aussi. Elle a toujours l'air jeune, et d'ailleurs je crois qu'elle a eu Norm très jeune, c'était une fille-mère, à ce que j'ai compris.
"  Maintenant que vous me le dites, ça fait un certain temps que je ne l'ai pas vue. C'est bizarre... Mais nous savourons sa cuisine en ce moment."

  24 février. Dans la matinée nous reçûmes un télégramme annonçant que nous avions un engagement, et que nous devions revenir à Paris au plus vite. C'était un code convenu avec HV, signifiant qu'il y avait du nouveau.



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